L'ombre d'une escale entre imaginaire et réalité, une passerelle amincie par les soupçons et l'ignorance... Car tout était vérité, le doute n'avait pas lieu et la magie ne pouvait que mieux s'exprimer.
Le lac endormi, l'eau susurrait sa mélodie d'essence, et bientôt tout serait dénué de mutisme. Alors que s'éveillait l'âme, l'herbe, chevelure intacte et verdoyante, reprenait ses allures équilibrées après le tracé de Cadeawiel, marchant seule et lentement vers le sein aquatique. L'élément vagissait doucement, les courbes languissaient à la surface, la forme qui se rapportait peu à peu suintait. Elle portait des teintes plus chaudes que le lac lui même... Et la silhouette, bien que semblant d'humanité en elle, était le fruit défendu par l'eau, élément lui-même gardé égoïstement par cette créature.
Pourtant, l'Ondine n'était en rien bestiale ou naïve... C'était une charmante fille, visage angélique, corps galbé de muscles suffisant et d'une énergie étonnante. Qu'une renaissance soit ainsi faite, personne n'avait à y poser les yeux. Seule La Dame en avait le privilège, et la volonté de l'accomplir. Qu'elle se débarrasse de son enchainement aux flots, que sa carrure soit en confiance avec l'air qui lui était autrefois défendu...
Le passé ne t'a pas fait défaut... Iryseïs... J'espère que les mains qui ont forgé ton corps n'ont pas eu tord dans leurs mouvements. Tu es libre de tes actes, mais tu restes une simple représentation, ma belle...
Et l'eau cascadait encore des haillons colorés, sur le tapis vert faisait office de ceinture autour du plan d'eau... Pieds nue elle était, aucune distance ni matériel ne l'éloignait de sa terre d'accueil.