Il n’y avait rien eu de très élégant depuis cette entrée en matière… La fratrie n’était guère enrobée, aucune quidam n’osait heurter son sort dans les taillis parfumés ou à quelques enjambées d’un point d’eau au reflet frais, quasi vulnérable dans ce havre reculé. La nuit avait passé, ayant tué de huit manières différentes les sentiments de la retrouvaille avec Riwan. La nuitée avait comblé matériellement le manque éprouvé autrefois, apaisant aussi les viles conclusions de cet éloignement offensif. Cadeawiel n’était pas omnipotent, en jugeait Lerilith qui offusquait ses paupières avec ses mains légèrement rugueuses depuis son réveil, n’en savant que peu sur les lits naturels qu’on leur avait stipulé d’utiliser pour leur bien-être… Le refuge était un antre doux qui ne manquait en rien de sécuriser les gens qui la côtoyaient… Bon gré mal gré, la jeune femme n’était pas passée à côté de la définition de la stupeur, et s’était levée dès l’aube afin d’échauffer ses jolies gambettes profilées sous le long pull de flanelle qu’elle portait la veille, la masquant à la bonne hauteur de mi-cuisse. Elle n’avait pas trouvé de bon prétexte pour enfiler des chaussures ; même si la haute tourelle était dallée de pierre, Lerilith ne craignait pas d’avoir froid.
Aussitôt dehors, pas moyen de trouver quel point cardinal ne méritait pas de ne pas être ausculté. La matinée consentait à affiner les odeurs animales et végétales avec leurs sucs distillés par la rosée encore visible sur quelques habitats d'arachides... Tout semblait plus intense dans ce bosquet, monument naturel qui s'érigeait dans la simplicité devant le haut portique de la Tour de pierre.